L’Ile Bouchard est désigné en 1189 dans le Cartulaire de l’abbaye de Noyers sous le nom de Insula Buchardi.
Situé sur les deux rives de la Vienne, la ville comprend, sur la rive gauche Saint Maurice, sur la rive droite Saint Gilles, ces deux quartiers reliés par deux ponts à L’Ile, berceau de la Cité.
Le très beau dolmen de Saint Lazare est composé de deux tables dont l’une s’est affaissée. Une légende locale veut que les jours de pluie la teinture rouge de cette table provienne du sang des victimes sacrifiées par les Druides.
De la période gallo-romaine, il reste peu de traces sur la commune de L’Ile Bouchard. Les fours de potiers ont été nombreux à Mougon et les restes d’un aqueduc étaient signalés à Brizay à la fin du siècle dernier.
Un seigneur nommé Bouchard jeta les fondations d’un «castrum» dans l’Ile au milieu du IXème siècle.
Tout d’abord, simple camp retranché, ce castrum mit le seigneur et ses hommes d’armes à l’abri des raids des Normands qui, à cette époque, ravageaient la vallée de la Loire et de ses affluents.
Un Bouchardais illustre, André Duchesne, surnommé «le Père de l’Histoire de France» (1584 – 1640) ne manqua pas de constater que «L’Ile Bouchard, par son nom fait assez connaître tant le nom de son fondateur que le lieu de son assiette».
En 885, Bouchard 1er dirigea une expédition chargée de ramener en Touraine les reliques de Saint Martin qui se trouvaient en l’église d’Auxerre.
Grâce aux chartes, nous connaissons les noms de quelques Bouchard: Vivian vers 930, Arderand vers 965 et Bouchard II vers 1020. Le Prieuré de Tavant reçut de ces deux derniers des donations de terres.
Les seigneurs de L’Ile Bouchard avaient alors pour suzerains les comtes de Blois et de Champagne.
Thibault, comte de Blois, intervint pour la nomination d’un gouverneur de la seigneurie de L’Ile, après la mort de Hugues, en laissant pour héritier qu’un enfant en bas âge nommé Bouchard III. Quinze ans après, L’Ile Bouchard tomba pour quelques temps sous la domination des comtes d’Anjou.
Une guerre entre Geoffroy Fuel et son neveu Bouchard III permit à ce dernier de redevenir seigneur de L’Ile. Après un violent combat autour de Tavant, Bouchard s’empare du couvent qui fut incendié: Geoffroy Fuel qui s’y était réfugié fut fait prisonnier et renfermé dans un cachot du Château-fort de L’Ile.
Bouchard III est à l’origine de la fondation de l’église Saint Gilles. Commencée en 1069, elle fut terminée en 1075.
L’église Saint Léonard, dont la construction débuta vers 1067 devint paroisse vers 1450. Seuls ne subsistent de cet édifice que le chœur et le déambulatoire dont les chapiteaux du XIème sont remarquables.
A la fin de son règne, Bouchard III fit don de l’église de Rivière à l’abbaye de Marmoutier (1070), abbaye à laquelle appartenait le Prieuré de Tavant, incendié précédemment.
Pendant le XIIème siècle, L’Ile Bouchard eut successivement comme seigneurs: Peloquin 1er jusque vers 1120, Robert de Blo vers 1130, Peloquin II vers 1140, Barthélémy 1er de 1150 à 1170, Bouchard IV de 1170 à 1189, Bouchard V de 1189 à 1205 environ. Ces seigneurs firent diverses donations aux abbayes voisines.
L’Ile Bouchard fut sous la domination anglaise de 1156 à 1205. C’est sous le règne de Henri II, roi d’Angleterre que fut entreprise la construction des premiers ponts et des écluses sur la Vienne. En 1205, L’Ile Bouchard revint à la couronne de France.
De 1214 à 1335, possédèrent successivement le château de L’Ile: barthélémy II, chevalier banneret aux cotés de Philippe-Auguste à Bouvines, Bouchard VI vers 1230, Barthélémy III vers 1250, Bouchard VII vers 1285, et Barthélémy IV de 1290 à 1335.
Au moment des croisades auxquelles prirent part plusieurs seigneurs de L’Ile Bouchard, une léproserie fut édifiée à quelque distance de Saint Gilles, sous le vocable de Saint Lazare.
Retombée sous la domination anglaise sous le règne de Jean le bon, L’Ile Bouchard revint à la couronne de France en 1360.
Après la mort de Barthélémy IV, la baronne de L’Ile Bouchard passa aux mains de son fils Bouchard VIII dont le fils Jean de L’Ile fut tué à la bataille d’Azincourt (1415).
Catherine, fille ainée de Jean de L’Ile épouse en 1415 Jean des Roches qui devint ainsi baron de L’Ile Bouchard mais pour peu de temps car il mourut en 1416. La veuve contracta un second mariage avec Hugues de Chalons qui fut tué à la bataille de Verneuil (1424).
Catherine prit pour troisième mari Pierre de Giac, surintendant des finances, qui fut assassiné à Issoudun en 1426. En 1427, elle épouse Georges de La Trémoille, ministre de Charles VII. Elle mourut le 1er juillet 1472. Avec elle s’éteignit la famille des Bouchard.
La possession de la baronnie par les La Trémoille fut favorable à la ville.
Les membres de cette famille furent: Georges 1er (1427 à 1442), ses deux fils Georges II (1442 à 1481), Louis 1er (1481 à 1483).
C’est Louis II qui, en 1483, entreprit la construction de l’église Saint Maurice, remarquable par son élégant clocher.
Le chœur de l’église Saint Gilles date de la même époque.
Charles VIII vint à deux reprises en 1493 «en sa bonne ville de L’Ile Bouchard».
Au XVIème siècle, la Réforme avait été bien accueillie dans la ville. En 1562, L’Ile Bouchard fut prise par les Huguenots puis revint peu après aux mains des catholiques. En 1587, Claude de la Trémoille adopta la religion reformée dont le culte, de 1599 à 1605, avait lieu dans la chapelle du Château.
A la fin du XVIème siècle (1584) naquit André Duchesne, historiographe du roi. Il publia les généalogies des plus importantes maisons de France, ainsi qu’un ouvrage sur les «Antiquités des Villes et châteaux de France».
Les La Trémoille restèrent barons de L’Ile Bouchard jusqu’au 18 décembre 1629, date à laquelle Henri de La Trémoille vendit la baronnie au cardinal de Richelieu.
Celui-ci interdit alors le culte réformé dans la chapelle du château. Les réunions eurent alors lieu dans le faubourg Saint Maurice mais en 1633, le temple fut fermé.
En novembre 1517, la débâcle des glaces avait rompu les écluses de la Vienne. Une nouvelle débâcle, coïncidant avec une forte crue, enleva en 1638 les ponts de Saint Gilles et de Saint Maurice.
L’Ile Bouchard va se trouver sans pont jusqu’en 1832, soit pendant 2 siècles! Et le 18 mai 1680, le bac, mal entretenu rompt ses amarres. 30 personnes sont noyées.
Le 18 juillet 1650, le roi Louis XIV se rendant à Richelieu, s’arrête quelques heures à L’Ile Bouchard.
Les successeurs de Richelieu, Armand, Jean du Plessis (de 1715 à 1788). Louis, Antoine du Plessis (de 1788 à 1791) délaissèrent leur baronnie. La disparition des ponts avait marqué le déclin de L’Ile Bouchard.
Dans la nuit du 12 au 13 juillet 1792, une crue subite de la Vienne a submergé presque toute la ville, entraînant une partie des maisons et endommageant les récoltes. Les habitants eurent à peine le temps de se sauver eux-mêmes. La hauteur de cette crue heureusement jamais atteinte depuis, est marquée dans l’église Saint Gilles; elle montait à 1m16 dans cet édifice.
Pour éviter le retour de pareils désastres, les écluses furent démolies de Châtellerault à Candes.
L’Ile Bouchard accueillit favorablement les idées nouvelles et la chute de l’ancien régime. Les diverses fêtes créées par la Révolution, notamment la fête de l’Etre Suprême qui eut lieu le 20 Prairial de l’An II, rassemblèrent toute la population. Le 16 septembre 1791, l’Evêque Suzor, évêque constitutionnel, visite les paroisses de Saint Gilles et de Saint Maurice. Ce même jour, on apprend que le roi venait d’accepter la Constitution. Après avoir signé le registre des délibérations de la Maison Commune, l’évêque Suzor se rend à l’église Saint Maurice où en présence de toute la population, il entonne le Te Déum.
En 1831, une société se constitue en vue de la construction d’un pont de fil de fer. Les deux communes de Saint Gilles et de Saint Maurice firent l’acquisition de L’Ile pour 17000 francs. Le pont fut construit en 1832 et le passage fut soumis au péage.
Cette même année vit les deux communes réunies en une seule. Une mairie et des halles furent édifiées dans L’Ile. Le 27 novembre 1882, le train entre pour la première fois en gare de L’Ile Bouchard.
Afin de supprimer le péage, les ponts furent rachetés en 1886, la municipalité ayant été aidée financièrement par de nombreux dons de particuliers. Un livre d’or fut édité à cette occasion et le 1er mai 1866, une grande cavalcade marqua l’abolition du péage.
Ces ponts suspendus à voie unique devenant insuffisants pour la circulation, de nouveaux ponts furent construits en 1925, mais le 31 août 1944, les allemands en retraite les font sauter.
A nouveau, L’Ile Bouchard a ses «passeurs» par bateau, jusqu’à ce que, fin 1945, des passerelles provisoires à voie unique soient construites.
Le 1er juin 1957, les travaux de construction de nouveaux ponts débutent et le 16 août 1959 a lieu l’inauguration en présence du 1er Ministre de l’époque Monsieur Michel DEBRE , des deux magnifiques ouvrages que nous connaissons et qui permettent à l’automobiliste de passage d’admirer la splendide échappée que l’on a sur la Vienne.
BIBLIOGRAPHIE: «Notice historique sur la Ville de L’Ile Bouchard» (H. GRIMAUD) – Archives de L’Ile Bouchard.